Tribune  —  11 septembre 2023

IA vs Humain : le match !

David Mossaz

 

On lit partout que les IA, utilisées de plus en plus massivement dans le monde du travail, nous permettent d'être plus productif. On leur sous-traite les tâches à basse valeur ajoutée, on génère un premier jet, une glaise imparfaite, et ensuite on modèle cette matière grossière pour en faire un livrable parfait. En résumé : moins de temps à passer,  pour autant, voire plus de valeur ajoutée. A l'IA le travail initial, fastidieux de la collecte, de l'analyse, de la corrélation des données et de la génération d'un premier niveau de réponse. A l'humain la touche finale, le réglage fin, le dernier coup de pinceau, qui permet de produire en un temps record ce qui prenait des siècles dans le monde pré-IA !
On peut voir les choses comme ça ! Grâce à cette heuristique bien connue : plus les technologies se sophistiquent, plus elles viennent prendre en charge des tâches subalternes qui nous étaient dévolues avant (nous libérant ainsi du temps pour créer cette fameuse "sur-valeur").

Mais, en suivant ce raisonnement, on se trompe. L'avènement des IA dites "génératives" change la donne. La croyance  de la libération de l'homme et de l'augmentation de ses capacités grâce aux technologies ne s'applique plus. Pourquoi ? Qu'est ce qui change ?

l'IA générative, n'est pas une technologie de productivité de plus ! Elle "génère"! Ce petit mot, en apparence anodin, est en fait lourd de sens (et de conséquence) ! C'est-à-dire qu'elle apprend (deep learning) de la donnée sur laquelle elle est entraînée. Elle est donc capable sur cette base là, de créer sa propre interprétation et sa propre réponse (fabriquée donc) quand on l'interroge. Mid Journey, Stable Diffusion, Dall-E, ces IA génératives visuelles, ne font pas de l'assemblage de bouts d'images qu'elles ont trouvé sur leur base de données. Elle apprend à faire "comme". Et les images qu'elles produisent, le sont ex-nihilo ! D'où la magie. Car il n'y a finalement aucune réponse qu'une IA générative ne puisse construire.

Alors oui les réponses générées sont encore imparfaites et l'humain a besoin de les retoucher pour les rendre à son image. Chat-GPT s'exprime parfois de façon trop "doctoral", il faut "salir" un peu le texte.
Mais bientôt les rendus dépasseront ceux produits par les humains (en pertinence, en réalisme, en mimétisme)

Doppl, une Start-up française développe une IA "jumeau numérique", c'est-à-dire un bot génératif, qui aura appris sur la base de vos données personnelles numériques et qui donc sera capable de "vous ressembler" et donc de générer du contenu "comme vous". Imaginez, le croisement de ce type de technologie (micro IA individuelles) avec les IA génératives globales (développées par les Big Tech) : vous avez un "vous-même" travaillant à votre place. Black-Mirror ?

Pour conclure sur notre sujet initial, il faut abandonner l'idée que l'IA c'est “l’usine” et l'humain c'est le "cerveau". Il y a et il y aura toujours de la génération de valeur des deux côtés.  Match nul en quelque sorte ? En tout cas, match il y aura et la compétition risque d'être féroce.

D'ailleurs, qu'est ce que Neuralink, sinon l'ambition d'Elon Musk, d'augmenter directement le cerveau humain d'une couche d'IA grâce à des bio-Implants. Pourquoi faire ? Simplement pour que, dans ce match à venir, l'humain de demain puisse jouer à arme "presque" égale et continue à avoir une "petite" chance face aux machines...